Chasses et découvertes de Shura

J’aime être entouré de mes congénères plus que tout mais un loup se doit de chasser pour subvenir aux besoins de sa meute et la chasse je préfère le faire seul surtout depuis que je commence à me faire vieux. Autant dans ma jeunesse j’étais un très bon combattant autant je n’ai jamais excellé dans l’art de la chasse et ça ne s’améliore pas avec le temps. Cela fait longtemps que je n’ai plus rien à enseigner dans ce domaine par conséquent je peux très bien faire mes chasses tranquillement à l’abri des regards. Je n’ai pas envie qu’un tel me fasse une réflexion déplacée sur la façon dont j’attaque ma proie. Je suis grand maintenant, je peux me débrouiller tout seul.

Marchant d’un pas discret, je me marche entre les sapins de la forêt d’ivoire en quête d’un déjeuner à offrir à ma meute. Puis, je remarque derrière un arbre un renard gris qui n’est caché qu’à moitié dû à son imposante taille. C’est mon jour de chance, ce n’est pas tout les jours que je vois un animal de cette envergure. Ma meute va être ravie. Mais faut-il déjà que j’arrive à l’attraper. Cela fait un certain temps que je n’ai pas chassé de renard.

Ne m’ayant pas encore aperçu, je me faufile doucement vers ma proie. Je ne suis qu’à deux ou trois pas de lui quand il me remarque et qu’il se sauve. J’entame alors une course poursuite à travers la forêt pour ne pas laisser filer ma nourriture. Il court vite et est capable de sauter un peu partout, ce qui n’est plus vraiment mon cas mais je ne le lâche pas. Comprenant que je lui colle toujours au derrière, il grimpe à un arbre et j’étais trop loin pour l’attraper à ce moment là. J’attends devant l’arbre et bien évidemment il ne bouche pas. Avec de la chance et un incroyable instinct de non-survie de sa part il aurait pu descendre de son perchoir mais non, il s’agrippe d’autant plus à sa branche.

Je fais mine de partir pour que le renard puisse descendre mais il est toujours méfiant. Tant pis, j’abandonne pour cette fois ci mais tu ne pers rien pour attendre renard, ce n’est que partie remise !

Les arbres de la forêt d’ivoire s’agitent sous le vent dû à l’arrivée de l’hiver. De petits frissons me parcourent le corps et m’hérissent le poil. Fut un temps, je me fichais bien de la température et de la saison. Je sortais quand je le souhaitais et même la maladie ne pouvait pas m’arrêter. Je sais que je me fais vieux et mon corps me le rappelle jusque seconde. Que c’est triste.

Mais qu’importe la température d’aujourd’hui, j’ai une mission c’est de chasser ! Et pas question que j’y renonce parce qu’un autre vieux avec qui j’aime bien discuter de temps en temps m’a parié que je n’arriverais pas à chasser une proie à cause de la météo. C’est mal me connaitre de penser que je ne relèverais pas son défi. S on me lance un défi je ferais tout pour l’honore même si je dois y rester toute la journée. C’est un avantage d’être un ancien, mes journées sont beaucoup moins remplies qu’à l’ordinaire alors aujourd’hui adieu le repos et les petites blagues aux jeunes loups qui viennent me voir. Aujourd’hui je suis un loup nouveau, un chasseur ! Que la meute profite bien de mon enthousiasme ça ne durera qu’une journée.

Après quelques minutes à observer les alentours je comprends à mon plus grand désarroi que beaucoup d’animaux sont parties se cacher. Deux explications, soit à cause du froid soit parce que je ne suis pas un loup très discret et qu’ils m’ont entendu. Pour mon égo je dirais que c’est la première option.

Soudain, je discerne une boule de poile à côté d’un arbre. Je m’en rapproche doucement et vois qu’il s’agit d’un lièvre. Il ne craint pas le froid lui. Ni moi d’ailleurs. Je me faufile derrière l’arbre et avant qu’il puisse commencer à courir, car je sais qu’une fois qu’un lièvre commence à courir je peux dire adieu à ma précieuse nourriture, je l’attrape les crocs en avant. Il essaie tant bien que mal de se débattre mais il ne peut rien faire contre cette fatalité. Je suis désolée mon petit mais tu vas finir dans l’estomac d’un membre de ma meute.

Tout content je sors de la forêt ma proie dans la gueule. J’ai hâte de voir la tête que fera l’ancien quand il me verra débarquer à la tanière avec ma proie. Un lièvre qui plus est !

Hier soir, j’ai discuté un peu avec mon ancien apprenti préféré et il a décrété sur un coup de tête qu’on devrait faire une chasse ensemble. A ces mots, j’ai fais une drôle de tête. Il sait que je suis loin d’être le meilleur chasseur de la meute et c’est justement pour ça qu’il me l’a demandé. Il avait aussi envie qu’on passe du temps ensemble mais il a certainement choisis la chasse pour se moquer de moi. Et je n’aime pas montrer mes faiblesses devant Kargan. Il a beau ne plus être mon apprenti, dès que je peux lui enseigner des choses qu’il ignore je le fais sans hésiter. J’aime lui transmettre mon savoir. Alors me ridiculiser devant lui c’est un petit peu gênant.

Mais je n’ai qu’une parole, c’est pourquoi je me retrouve dans la forêt d’ivoire, alias mon coin de chasse préféré. L’assesseur n’a pas été grandement étonné quand je lui ai proposé tout à fait innocemment de chasser à la forêt d’ivoire. Si je dois chasser, autant que ce soit un terrain où j’ai l’habitude de pratiquer.

Je marche à travers la forêt trouver mon ancien apprenti. Il est en retard mais je ne m’en fais pas vraiment. Maintenant qu’il est assesseur, il a un certain nombre de choses à régler et on l’a peut-être appeler à la dernière minute pour une affaire importante. Étant un ancien assesseur, je connais la charge de travail des fois colossal qu’on nous donne donc si il est un peu en retard ce n’est pas bien grave. Ce sera juste une excuse supplémentaire pour le taquiner davantage.

Une idée me vient. Si j’essayais de chasser en son absence ? Je n’imagine pas sa tête quand il me verra avec un lièvre dans la gueule. Oui, je veux voir sa réaction, c’est décidé allons chasser !

Et c’est à ce moment précis que je distingue au loin une forme de vie. Je ne sais pas de quel animal il s’agit mais une chose est sûr, ce n’est pas Kargan. L’assesseur est bien trop grand pour que je le confonde avec un déjeuner.

Ni une ni deux, je me faufile derrière les tronc des arbres et m’aperçois qu’il s’agit d’un chat sauvage. Si je le montre à Kargan il va être ravi mais il va être difficile à attraper. Au moindre bruit, il s’enfuit ce trouillard. Il va donc falloir que je sois super discret. Mais dès que je quitte le dernier tronc qui me sépare de l’animal, il s’enfuit à une vitesse ahurissante.

J’entends au même moment des bruits derrière moi et je vois mon ancien apprenti venir dans ma direction. Pour mon égo je décrète que se sont les pas de Kargan qui ont fait fuir l’animal mais je n’en suis pas sûr. Tant pis, moi qui voulait l’impressionner c’est raté.

La neige ne cesse de tomber sur la forêt d’Ivoire et je me demande bien pourquoi je continue de marcher comme si de rien n’était. En faite si je sais très bien pourquoi je suis là. Parce que je boude. J’ai beau être la plupart du temps un gentil loup bienveillant et sage mais quand on m’embête je montre les crocs. Ou je m’enfuie loin de l’ennemi comme dans ce cas précis. Et mon ennemi n’est autre qu’un simple loup de ma meute ainsi que ma chère petite-fille.

En effet, un jeune loup m'a bombardé de tout une sorte de question les plus étranges les unes que les autres et je l’ai emmené voir notre impératrice pour qu’il s’explique avec elle. Mais ça n’a pas plus à Madame et elle a rouspété sur moi, son grand-père ! Je comprends bien qu’elle a des devoirs importants en tant qu’impératrice et que j’aurais très bien pu m’en charger mais est-ce qu’il est écrit « foire au question » sur mon front ? Je ne crois pas non. Donc je suis allé bouder dans la forêt, là où je ne croiserais personne en pleine tempête de neige et surtout pas notre reine comme elle est si occupé.

Je marche donc dans la neige à la recherche d’une éventuelle proie. Si je peux passer mes nerfs sur un animal qui servira à la meute, je ne dis pas non.

Mais au fur et à mesure que j’avance, le vent glacial me donne des coups dans le tout le corps et je ne sens plus mon museau tellement j’ai froid. Cette neige est vraiment horrible. De mon temps, il faisait plus chaud. Ou peut-être est-ce une impression dû à la vieillesse de mon corps. Je ne préfère pas y penser.

Quoi qu’il en soit, je ne pense pas qu’avec ce temps des animaux osent s’aventurer ici. Et puis… cette petite promenade m’a permis de réfléchir à ce qu’il s’est passé. Après réflexion je pense que ce n’est pas raisonnable d’en vouloir à Kashtira. Elle a beaucoup de responsabilité et je n’ai fait que lui rajouter d’autres problèmes. Oui c’est ça, et je vais même aller m’excuser ! La prochaine quand quelqu’un me demandera une multitude de question loufoque je demanderais à Kargan de m’aider !

Aujourd’hui c’est avec panache que je me réveille aux aurores pour aller chasser dans la forêt d’ivoire. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas étais si motivé à chasser une proie et il faut dire que ça me rend plutôt heureux. Et pas n’importe quelle proie qui plus est ! Si je me suis réveillée si tôt c’est parce que j’ai un objectif bien précis en tête. Chasser un lynx. Et ses animaux qui sont déjà complexe à capturer ne sorte le bout de leur museau que très tôt ou très tard. D’où ma venu à une heure pareille.

Mais pour l’attraper il faut que je soit le plus discret possible. En effet, si entend le moindre de mes pas je pense qu’il va très certainement choisir la solution de fuite. Ce félin ne viennent que rarement au contact. Et hors de question de s’en aller de cette forêt sans un lynx. Quand j’ai un objectif en tête, impossible de me le sortir de ma tête.

Je marche donc lentement et le plus doucement que je peux en observant les alentours à la recherche de l’animal que je convoite. Je regard derrière tout les arbres, le moindre buisson et je suis prêt à attaquer au moindre bruit.

Soudain je le vois. Caché derrière un sapin, sa seule queue dépassant. Avant d’agir je vérifie bien qu’il s’agit de l’animal en question et pas de mon imagination mais après avoir eu le cœur net, je me rapproche davantage tout en étant le plus discret possible. Et seulement quand je suis à mesure de l’atteindre je lui saute dessus. A cause de son agilité il saute pour m’esquiver mais je ne m’avoue pas vaincu et retourne au combat que je finis par gagner. Je ne peux que sourire face au lynx écroulé sur le sol. J’ai rempli mon objectif de la journée.

Je me balade dans la forêt d’Ivoire mais à vrai dire je ne sais pas vraiment ce que je fais là. Initialement je voulais simplement me balader mais quand mes pattes m’ont fait atterrir ici je me suis dit « pourquoi pas chasser un peu ? » mais je suis plus concentré à observer le ciel et les arbres qu’à chercher une proie. Qu’est-ce qu’on va bien faire de moi.

Et c’est là que je le vois. Le renard en plein milieu de mes deux yeux, à une vingtaine de pas de moi. Comme si je devais le voir. Qu’on l’avait mis sur mon chemin. Malheureusement on aurait dû le mettre sur le chemin d’un loup avec encore de la vivacité et une réaction hors paire car au moment où je m’élance pour lui courir après il s’enfuit à vive allure. Je dépasse quelques arbres mais je comprends facilement que je ne peux pas l’atteindre alors je laisse vite tomber. Tant pis, on va continuer à observer les arbres sur mon chemin, la chasse se sera pour un autre jour.