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La nage. La panthère a toujours aimé la nage. Et c'est pour cette raison que ce matin-là, la Meneuse a été au lac. Pour une fois, depuis bien longtemps, elle s'est laissée aller à sa première passion : l'eau. Depuis sa plus tendre enfance, elle a toujours aimé l'eau. Elle a toujours aimé cette sensation qu'elle ressent. La sensation que son corps peut devenir hyper léger, qu'il flotte comme si il était sur un nuage et surtout, cet apaisement qui en découle. L'eau est son élément, tout simplement. Alors, sans hésiter une seule seconde, elle s'est faufilée dans l'eau et nage délicatement. Ses yeux se fermaient timidement, tandis que ses pattes agissaient à leur rythme.
Après plusieurs minutes, voire heures, la Meneuse sortit tranquillement de l'eau. Là, elle s'ébroue une fois pour détendre ses muscles, puis une seconde pour évacuer totalement l'eau de son pelage. Finalement, elle s'assit un instant et commença à faire sa toilette. Elle aimait ce moment seule avec elle-même. Ce moment où elle se laissait aller à la vulnérabilité, où elle semblait complètement innocente. Ne dit-on pas que les félins sont les animaux les plus propres au monde ? Qu'ils détestent être sales ? Qu'ils pourraient passer des heures à faire leur toilette ? Eh bien c'est exactement ce qui a pu se passer avec la Reine. Elle a passé plusieurs heures à sa toilette, mais cette nage plus cette dernière lui avaient fait le plus grand bien.
Puis une idée lui vint soudainement. Si elle pensait à elle pendant une matinée, pourquoi ne le ferait-elle pas pendant la journée entière ? Alors, sans hésiter une seule seconde, elle se releva et se mit à marcher. Elle n'était pas inquiète, Nim's pourra la remplacer facilement. Elle laissa ses pattes la mener où elles le désiraient. Elle laissa son instinct lui prouver qu'elle était capable de vivre essentiellement pour elle. Elle laissa son coeur s'évader subtilement. Et surtout, elle laissa sa tête se taire totalement et profiter du paysage qui défilait devant elle. Elle a envie d'être égoïste aujourd'hui. Elle a envie de profiter tout simplement.
La nuit tombait délicatement, elle avait donc marché longtemps. Plus longtemps qu'elle ne l'avait imaginé. Assez longtemps pour que ses pauvres pattes la fassent souffrir. Alors, son regard se posa sur un espèce de promontoire en bois. Elle n'hésita pas une seule seconde et y monta. Elle se coucha calmement, et posa son regard sur le paysage face à elle. Magnifique. Superbe. Apaisant. Assez pour qu'elle ferme les yeux et laisse Morphée l'emporter.
Naeroy envoya valser son adversaire en appuyant fort avec ses postérieurs. D'une roulade il se redressa rapidement et se jetta immédiatement sur son rival. D'un puissant coup d'épaule il lui fit perdre l'équilibre et une fois à terre il lui barra la gorge avec son énorme patte de panthère. La fureur habitait son regard. A terre l'adversaire semblait fatigué, voir épuisé. Naeroy relâcha sa prise et s'écarta d'un pas lent pour admirer son audience.
- C'est bien les gars vous avez bien bossé, allez vous reposer on se retrouve demain pour la prochaine séance.
Il était fier de ses camarades, l'entrainement portait ses fruits et bientôt il pourrait mettre son plan à exécution. Les combattants du clan se dispersèrent pour rejoindre leurs nids ou leurs familles. Le second demeura seul quelques instants, il était encore très en forme même après des séances aussi intensives. Il était toujours le plus fort. Ils avaient l'habitude de s'entrainer dans leurs montagnes mais peut-être faudrait-il organiser des excursions en dehors du territoire. Travailler en forêt pourrait les préparer à leur futur assaut.
Couvert de poussière le grand mâle descendit les pentes escarpées en direction du lac. Il marcha longtemps pour quitter le territoire et encore plus longtemps pour voir apparaitre les premiers arbres. Lorsqu'il atteint enfin le lac il trempa les pattes dedans pour se rafraichir tout en marchant en direction d'une forêt lointaine. Il décida de piquer une tête pour se débarrasser de toute la poussière qui collait à son pelage. L'eau était fraîche, même froide. Loin d'être un grand nageur il sorti et s'ébroua et remarqua seulement la présence d'un camarade félin allongé sur un promontoire en bois sans écorce.
- Bonsoir, dit-il doucement de sa douce voix profonde.
Il s'agissait probablement d'un membre du clan voisin, la frontière ne devait pas se trouver bien loin de là. L'éclat de la lune déversait sa lumière sur le pelage du félin allongé l'illuminant d'un reflet argenté. La légère brise nocturne lui apporta une odeur sucrée, ce devait être une femelle. Bien que les femelles puissent être redoutable, il savait qu'il ne craignait rien, les panthères de l'orage se voulaient pacifistes, et c'était regrettable parce qu'une alliance permettrait d'anéantir la meute de la tempête pour de bon. D'un frémissement des oreilles il chassa ses idées de revanche. Le grand félin resta à bonne distance du promontoire, pour ne pas ni surprendre ni effrayer sa comparse.
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
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