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C’est près du glacier immaculé que la louve avait décidé d’établir sa petite couchette. Elle changeait régulièrement d’endroit, mais le confort des petites cavités l’avait grandement attiré dans les bras du géant glacé. L’abri était coupé du vent et suffisamment petit pour retenir le peu de chaleur qui s’y trouvait. C’était un lieu relativement bien caché qui permettait à Keva de se mettre à l’abri des regards. C’était l’endroit idéal pour une future mise bas bien que ce ne soit pas dans ses projets. Face à l’entrée de la grotte s’étendait une vue merveilleuse – les dernières falaises du territoire, suivies par la mer glacée qui se dessinait au loin. La surface d’eau salée était impressionnante. Mais pour les loups arctiques, ce n’était qu’une partie de leur quotidien rythmé par la chasse et les courses dans les milieux enneigés. Aussi fou que cela puisse paraître, le paysage qui s’étendait à perte de vue était plein de vie. Les végétaux et les animaux étaient moins nombreux, mais ceux qui chassaient les autres savaient où les trouver. Les techniques de chasse que ses ancêtres lui avaient transmis permettaient à Keva de débusquer le moindre petit animal caché sous la neige. Il n’y avait qu’à savoir où ils se cachaient. Utiliser sa truffe, ses yeux et son ouïe pour trouver des indices.
Survivre, c’était apprendre à repousser ses limites dans n’importe quelle situation. Connaître son corps, le contrôler, connaître les dangers environnants et savoir les anticiper. Traquer sans relâche même lorsque l’on a le souffle coupé. Traverser les eaux glacées, survivre aux hivers éternels et recommencer. Survivre c’est aussi savoir tuer. Ôter la vie pour garantir la sienne. Heureux sont ceux qui peuvent survivre sans avoir à se dépasser. Il suffit de naître fils d’alpha ou d’être canidé de compagnie. La vie sauvage ne s’invente pas – Rester en vie, c’est l’arracher à ceux qui n’en sont pas dignes. C’est ainsi qu’a grandi Keva. L’enfance n’était pas sa période préférée lorsqu’il fallait apprendre aux côtés des mentors : on délaisse les jeux pour apprendre l’art du camouflage, laissant derrière l’innocence et les bêtises. Mais aujourd’hui, cela lui a permis de faire parti de ceux toujours en vie. Une chance, certes, mais également beaucoup de travail et de volonté. Aujourd’hui, elle offre une confiance aveugle en sa meute et ceux qui la dirigent. Elle leur offre sa protection, ses crocs et ses griffes.
C’est pensive que la louve porta son regard vers l’étendue d’eau salée. Qui sait ce qui se cachait là-bas, derrière ces contrées inexplorées. Et si d’autres créatures existaient ? Des êtres à poils, plumes ou écailles, qu’elle n’avait jamais imaginées. Des choses vivant dans des pays plus chauds, plus dangereux et plus extraordinaires les uns que les autres. Un craquement de glace vint briser ce lourd silence, sortant Keva de ses pensées. Elle tourna sa tête vers cet amas de glace finissant sa chute dans l’eau, créant un bruit assourdissant. La louve se leva et s’apprêta à sortir de sa tanière. Il était temps de chasser – si elle voulait rester en vie.
Une heure passa avant qu’elle ne trouve sa proie. Il s’agit d’un lièvre posté sur un rocher blanc. Il était invisible, si bien camouflé que la louve dut revenir une fois avant de réaliser qu’il était là. Elle n’avait pas hésité avant de lui foncer dessus. Habituellement, les lièvres avaient une trajectoire de fuite toute préparée. Il suffisait qu’un obstacle se trouve par inadvertance sur leur chemin pour qu’ils soient complètement déboussolés. Et c’était ce sur quoi Keva avait misé pour attrapé sa proie. Essayant d’anticiper ses mouvements, elle le poussa dans ses retranchements en le faisant aller vers de grosses roches glissantes. Et c’est en se retournant brusquement, ne sachant ou aller, que le lièvre fila dans la gueule de la louve. La neige devint rouge et le sang gicla sur le sol. Un coup de croc bien placé à l’arrière de la nuque et le lièvre rendit l’âme, réchauffant la gueule de son sang encore chaud.