Forum créé par Kaala. Thème par Kaala. Codes par CCCrush et par Agora mais aussi par Terrible ou encore par Graphiorum. Tous les écrits ainsi que les créations de quelques natures qu'elles soient, appartiennent à leurs créateurs et ne peuvent être (re)pris sans leur consentement. Toute copie, totale ou même partielle est interdite.
Rouge sang, rouge comme ses yeux. Il l'intrigue, de par sa ressemblance, de par sa différence trop longtemps mise en avant. Mais bien trop souvent son aspect chétif la mène à la dure réalité : Kashtira n'est pas là. Pourtant, il lui rappelle sans cesse sa personne et une part d'elle la pousse à vouloir s'immiscer, comme une sœur. Pour un frère qu'elle n'a jamais eu.
Pas un jour ne passe sans qu'elle le scrute, le regard attendri mais jamais n'a-t-elle osé car Warwick la guette comme son ombre. Aussi pour son bien, elle n'a jamais rien entreprit en sa présence. Seulement la chance sembla lui sourire en cette matinée brumeuse : son compagnon s'était absenté, la délivrant d'une terrible contrainte. Et voyant le petiot boiteux marcher vers le garde-manger, c'est tout à fait naturellement qu'elle s'avança. « Thjazi, c'est ça ? » dit-elle, s'avançant lentement à ses côtés un sourire sur ses babines. Elle se veut rassurante, accueillante : tout le contraire de l'empereur, qui semble bien trop profiter des petits êtres de cette meute. Alors, l'idée de l'aider ne cessa de ronger son esprit en cet instant précis.
Thjazi aimait la brume. Tout était doux et cotonneux. Comme si le paysage avait disparu et qu'il réapparaissait devant lui à mesure de ses pas claudiquant. C'était joli. Et amusant aussi. Oui. Thjazi aimait vraiment la brume. Et le soleil ne passait pas à travers ce monde à redéfinir. Le Soleil était beau aussi. Mais Thjazi préférait la Lune. Parce que le père des cieux était toujours brûlant, lorsqu'il le regardait, il avait l'impression de perdre peu à peu ses yeux. Et, alors qu'il n'était encore qu'un tout petit loup, sa maman lui avait dit qu'il devait éviter le Soleil, parce qu'il était jaloux de sa blancheur et qu'il voudrait le brûler. Alors Thjazi avait toujours fait en sorte de l'éviter au maximum.
La brume était plus douce, fraiche et calme. Elle n'était pas mortelle comme la neige non plus. La neige pouvait avaler un loup en un instant, le brume ne gardait jamais un loup prisonnier très longtemps. Et, il pouvait se cacher dans la brume. On le voyait moins.
Seulement, Thjazi voyait moins les autres également. Et alors que le jeune loup s'avançait de son habituelle démarche irrégulière vers le garde-manger de la meute, ce dernier n'étant pas trop pauvre, il se retrouva nez à nez avec une autre personne qu'il n'avait pas vu avant qu'il soit trop tard. Il avait glapit dans un sursaut apeuré en reconnaissant la louve qui lui faisait désormais face. « Thjazi est désolé Madame l'Impératrice. Thjazi ne voulait pas faire de bêtise. Il ne veut pas que Madame soit en colère. Il est vraiment vraiment désolé. » Sa voix, rendue aiguë par la crainte ne cessait de glapir à toute vitesse alors que ses oreilles étaient écrasées contre son crâne et que sa queue était rabattue entre ses pattes arrières.
La brume était une traîtresse qui lui avait caché l'arrivée de son impératrice. Tête basse, il avait amorcé un léger pas en arrière, ses yeux cherchaient frénétiquement aux alentours, se posant à une multitude d'endroit si ce n'était en direction de la louve blanche qu'il se refusait à regarder directement.
Elle lui avait fait peur. Toute sa réponse se trouva en un sursaut et un glapissement. Il semblait désolé aussi, pour ne pas l'avoir perçue plus tôt. Futile quand on y pense, encore une fadaise de Warwick qui exige en tout temps d'être vu et surtout qu'on ne le quitte jamais du regard, ne serait-ce qu'un instant. Voilà tout ce qu'a pu instaurer cet empereur de malheur : un sentiment d'insécurité, qui plus est chez les plus faibles. Alors, devant toute la détresse de ce petit être, la blanche ne put que le prendre en pitié, elle qui n'avait jamais souhaité qu'on la traite comme une divinité contrairement à d'autres. « Non, non, non. Ne t'en fais pas. Je veux juste discuter. » explique-t-elle doucement non sans jeter un bref coup d'œil aux alentours, espérant que les petits cris de l'albinos n'aient pas eu l'audace d'amener Warwick jusqu'en cet endroit. « ... Discuter. » rappelle-t-elle finalement comme pour calmer le jeu, voyant bien qu'ils seraient seuls pour le moment. Elle s'assoit alors, lui confirmant qu'elle ne lui souhaite aucun mal puis s'ose à lui demander : « Tu veux bien ? » l'invitant à se joindre à la conversation avec son impératrice.
Depuis qu'elle était arrivée au sein de la meute, l'impératrice, Ansya, avait toujours présenté un vif contraste avec l'empereur. Warwick gouvernait par la force et par la peur, là où sa compagne ne semblait toujours apparaître que comme étant la douceur même. Elle était comme la lune. Eclatante de sa blancheur, pure, parfaite. L'albinos avait toujours l'impression que sa simple présence pouvait entacher cette pureté à la limite du divin.
Elle était si loin dans le ciel, éclatante de par sa lumière tandis que lui traînait et rampait dans la boue. Elle était grande et forte quand lui était toujours, le ventre au sol et boiteux. Et même alors que sa présence aurait du l'importuner, elle faisait une nouvelle fois preuve de sa grandeur d'âme en essayant de rassurer le plus jeune et lui expliquait vouloir simplement discuter. « Avec Thjazi ?» Jappa-t-il, son visage traversé par un air d'incrédulité. Pourquoi son impératrice voudrait-elle perdre son temps en discutant avec lui ?
« Si Madame veut, Thjazi veut bien. » Ansya s'était assise, témoignant bien de sa volonté à avoir cette discussion. Alors l'albinos s'était couché, ventre à terre, sur place. Sans regard effrayé avait fini par se fixer et ses affreux iris rouges étaient désormais posées sur les pattes de l'impératrice du Blizzard.
L'âme en peine, la blanche le vit se poser une question témoignant de tout un manque de confiance en soi. Si peu sûr de lui, il se demandait si tout cela le concernait réellement, quelque peu incrédule lorsque l'impératrice hocha la tête. Mais toujours était-il qu'il fuyait son regard comme la peste, comme une forme de soumission : il préféra largement se coucher et guetter les pattes de sa supérieure toujours dans cette optique de ne pas croiser ses yeux bleus. « Tu peux m'appeler Ansya. » intima-t-elle au jeune loup, ayant du mal à associer cette image de l'albinos qui la nomme par des titres honorifiques. Elle y voyait là une copie de sa sœur, plus chétive, et l'idée même que sa propre sœur puisse se rabaisser ainsi lui brisait le cœur. Alors oui, elle semblait faire un écart, mais la raison n'était plus en cet instant. Tout de même, voyant l'état du mâle, elle s'empressa d'ajouter « Du moins si ça te met plus à l'aise. » avant de chercher à croiser son regard écarlate sans succès.
Elle se racla alors la gorge, espérant déclencher une réaction chez lui et ainsi pouvoir capter ses yeux qu'elle cherche depuis fort longtemps. « Alors... J'ai cru comprendre que tu étais en formation... guérisseur, c'est ça ? Ça se passe bien ? » demanda-t-elle finalement, se hasardant dans les présentations, le b-a-ba pour comprendre le traitement que pouvait lui réserver la meute.
Plus aucun doute n'était permis alors que l'impératrice appuyait sa volonté de discuter avec lui. Thjazi était certain que s'il le disait aux autres, personne ne le croirait. Mais il ne le dirait pas aux autres de toutes façon. Justement parce que les autres ne voulaient pas discuter avec lui, eux. Et alors que la louve blanche l'autorisait à l'appeler par son nom, l'albinos sembla se ratatiner sur lui-même, allant même jusqu'à détourner son regard rougeâtres ailleurs que sur les pattes de sa meneuse. Cette dernière sembla bien le voir puisqu'elle ajouta que cela simplement une possibilité s'il le souhaitait. Mais Thjazi avait commencé à secouer le chef de droite à gauche dans de petits mouvements vifs. « Non ! avait-il glapit de nouveau. Thjazi ne peut pas ! Madame est Madame ! » Jamais il n'oserait appeler son impératrice par son nom sans aucun titre. Cela n'était tout bonnement pas possible.
Le raclement de gorge de l'impératrice déclencha un petit frisson qui courut le long de son échine. Le jeune mâle rabattit son regard sur la louve. Sur ses pattes, toujours. « Thjazi est... Il est un mauvais apprenti... Un très mauvais. » Et c'était vrai. Comment justifier autrement qu'à son âge, alors qu'il n'était plus un enfant, il soit toujours un apprenti ? « Mais il s'entraîne ! Il utilise ses blessures pour s'entraîner. Pour apprendre. Il connaît des plantes aussi. Ca oui, plein de plantes. Mais pas toutes. Et il faut faire attention avec les plantes. Madame le sait ? Certaines plantes font mal ! » Il apprenait doucement, au rythme de son apprentissage - le plus souvent - solitaire. Il était son propre patient. Son propre professeur. Et il apprenait bien souvent à ses dépends.
Thjazi fut foncièrement contre l'idée de l'appeler par son nom, lançant par la même occasion un élan de culpabilité chez l'impératrice. Quelle idée d'en demander autant à un jeune loup peut-être déjà trop écarté par sa différence, alors si elle lui ajoutait le poids de l'appeler d'une autre manière que les autres : elle ne risquait que d'approfondir son mal-être. « Hm... D'accord. » dit-elle, comprenant alors sa réaction et acceptant ce choix plus que légitime.
De même qu'au début de ce que l'on pourrait appeler une conversation, Ansya l'écouta avec attention sur son apprentissage. Il se qualifia de mauvais, appuyant toujours et encore sur ce manque de confiance en soi. Pour autant, la blanche ne fut pas ignorante : elle savait que son entraînement trainait en longueur, et pour cause, on le fuyait comme la peste. Triste constat de son albinisme, comme il en avait été de même avec sa sœur. Or Kashtira avait sûrement eu cette chance de naître en tant que fille du couple impérial, ce que Thjazi n'avait pas. Pour autant, il était heureux de mentionner son dur-labeur, sur ses entraînements et ses connaissances. « Oh non. Je ne le savais même pas ! Vois-tu, je n'ai jamais eu un entraînement de guérisseur. Comme quoi, tu en sais des choses... Plus que moi. » expliqua-t-elle en un clin d'œil avant de se lancer afin de le mettre plus à l'aise « Et... tu aurais d'autres choses à m'apprendre peut-être ? » espérant par la même occasion en apprendre plus sur ce domaine inconnu mais aussi sur ce petiot trop délaissé par la meute.
Comme elle l'avait plus ou moins laissé entendre, l'impératrice respecta le choix du plus jeune sur la façon dont ce dernier souhaitait l'appeler. Ou plutôt sur la façon dont il se refusait catégoriquement de l'appeler. Parce que seul Warwick devrait avoir le droit de l'appeler comme ça. Et Warwick avait très certainement de la chance de partager sa vie avec elle. Elle était belle et forte. Nul doute qu'il devait être heureux de pouvoir être à ses côtés. Thjazi le serait à sa place. Même si à aucun moment il ne s'imaginait à une telle place, évidemment.
L'impératrice avait parfois ce petit quelque chose qui lui rappelait feu sa mère. Blanche, pure, gentille et positive. Et s'il avait peur de faire une bêtise en lui parlant, s'il n'oserait jamais la regarder droit dans les yeux de peur de tâcher son regard avec le pourpre de ses iris maudites, s'il avait peur de la contrarier ou de la peiner, il ne pouvait s'empêcher d'être heureux de la petite attention qu'elle lui accordait généreusement.
« Oui ! Thjazi en connaît ! Les baies rouges ne sont pas bonnes ! Elles font mal au ventre. Les orties sont bonnes, mais les feuilles piquent quand ça traverse le poil. Madame ne doit jamais manger de baies toutes rouges. » Oui, c'était moyen facile pour ne pas se tromper. L'Albinos le savait et se refusait depuis sa première tentative à toucher quoi que ce soit de rouge. Tout comme ses yeux, cette couleur était toujours signe de malheur et de souffrance. Reprenant de plus belle, piaillant de son habituelle voix aiguë, Thjazi ne semblait pas vraiment s'appesantir plus que nécessaire sur ce fait.. qui était simplement un fait, justement. « Et les feuilles d'orties piquent ! Les orties sont bonnes, mais les feuilles piquent quand ça traverse le poil. Thjazi s'est piqué les oreilles une fois. Et un bout de la patte. Alors Madame doit faire attention aux orties aussi ! Et aux épines qui griffent. »
Le petit loup était heureux de pouvoir partager ses propres découvertes et expériences. Il n'avait pas souvent l'occasion d'en discuter et, le lorsqu'il le faisait, le plus souvent s'était avec et envers lui-même. « Mais beaucoup de plantes sont gentilles aussi. Thjazi aime le cerfeuil. Le cerfeuil est gentil et bon. Il aide avec les morsures, mais aussi quand Thjazi a mal au ventre. » Il ne savait pas tout, il lui restait encore plein de plantes à découvrir et à expérimenter. Mais il avançait, pas à pas. « Mais Madame n'a pas besoin de connaître tout ça, parce que la meute a de très bons guérisseurs. Ca oui. Madame peut leur faire confiance ! » Parfois, l'albinos rampait tant bien que mal pour essayer d'observer l'un de ces médecins pour parfaire sa formation en solitaire. Nul doute que le groupe était entre de bonnes mains avec eux.
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